Viendra-t-il, ne viendra-t-il pas ?
C’est la question que tout le monde se pose en venant à la représentation de la pièce Un président ne devrait pas dire ça…, présentée au Théâtre Libre de Jean Marc Dumontet.
Bien que les acteurs n’aient jamais cité le nom de l’ancien président (si évident pourtant) et tenté de nous rassurer en affirmant que la pièce est une pure fiction…où les paroles sont vraies… au mot près… et que toute ressemblance avec la réalité ne serait peut-être pas fortuite.
Rappelez-vous… suite à une soixante de rencontre, en tête à tête, pendant la présidence de François Hollande, sort le livre Un président ne devrait pas dire ça… publié chez Stock par les deux journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme « Du jamais-vu sous aucune république… il a même accepté de ne pas relire les verbatim ».
Nous avons tous entendu parle de ce livre qui a fait beaucoup de bruit à l’époque et qui a été vendu à plus de 250 000 exemplaires. Un livre qui aurait même précité la décision du président de ne pas se représenter pour un second mandat (un fait unique !)
« Un président ne devrait pas dire ça, je suis enregistré... ». Cette phrase, Hollande nous l'a lâchée, un jour où il s'emportait. Il n'aurait pas dû « dire ça » ? Nous, nous devions l'écrire. EXTRAIT DE LA PREFACE DU LIVRE
Mais fallait-il vraiment monter cette pièce ?
Oui. Parce que c’est notre histoire… récente.
Parce que ce spectacle n’est pas une chronique du quinquennat de François Hollande, ne l'assassine pas ni le ridiculise.
En s’inspirant du film Frost/Nixon de Ron Howard qui met en scène les regrets lors d’entretien avec le journaliste David Frost avec l'ancien président américain Richard Nixon, à propos du Watergate, les jeux journalistes d’investigations ont construit cette pièce comme un jeu dangereux.
Un bras de fer, un marché de dupes entre un homme persuadé que ce livre assurera sa réélection à L’Élysée et ceux qui sont là pour révéler des secrets d’État en tentant de percer la face cache de cet animal politique… finalement assez mystérieux. « il y avait matière à rendre perceptible sur scène ce travail d'investigation en toute transparence, en montrant les coulisses du pouvoir ».
Une pièce sur l’envers du décor (la scénographie de Charles Templon est très réussie).
Une plongée au cœur du pouvoir, dans les coulisses du pouvoir.
Un coup de projecteur drôle, émouvant et passionnant sur l’investigation et la fabrique de l’information « une pièce tragi-comique pour comprendre que la démocratie gagne à la transparence dans tous ses aspects ».
Tout y passe !
Sa vie privée, sa politique économique, le statut des footballeurs de l’équipe de France qui « sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation », les magistrats « on se planque, on joue les vertueux... On n’aime pas le politique » mais aussi, les attentats ou les assassinats ciblés et son mépris pour son prédécesseur, son meilleur ennemi qui « ne fait pas le partage entre ce qui est possible et ce qui n'est pas possible, le légal et le non-légal, le décent et le non-décent ».
Autour de Scali Delpeyrat qui Interprète l’homme, le président François Hollande ( il est impossible de ne pas le reconnaître tant les intonations et les postures du comédien sont justes), deux journalistes : un enquêteur bourru et chevronné (merveilleux Thibault de Montalembert, l’une des vedettes de la série Dix pour cent « C'est du Balzac, avec les splendeurs et misères de République. Quelque chose de formidable dans le registre de la comédie humaine ! ») et une jeune collègue de la génération millennium, Lison Daniel. Hélène Babu, très drôle dans le rôle d’une rédactrice en chef prise en étau entre la direction et le service politique du journal, complète l’équipe.
Un président ne devrait pas dire ça… est un merveilleux spectacle !
Intelligent, drôle, bien construit et superbement interprété...
Certainement controversé, Un président ne devrait pas dire ça… est un spectacle remarquable à bien des égards. La pièce est intelligemment conçue, drôle et admirablement interprétée, mais elle présente également un intérêt politique et historique considérable.
Malgré le risque de rappeler des faits qui pourraient sembler presque anecdotiques des années plus tard, le spectacle explore habilement les relations de pouvoir, la nature de la politique et, en nous remémorant notre histoire récente, nous montre tout le chemin parcouru et tous les défis auxquels nous sommes encore confrontés.
Ce spectacle montre, également, la solitude poignante et la pression écrasante qui pèsent sur ces individus normaux, confrontés à une fonction anormale. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵
Un président ne devrait pas dire ça…
D’après le livre éponyme publié chez Stock en 2016
Adaptation et écriture Gérard Davet et Fabrice Lhomme
Dialogue François Pérache
Mis en scène, scénographie Charles Templon
Avec Thibault de Montalembert, Hélène Babu, Scali Delpeyrat, Lison Daniel
THÉÂTRE LIBRE
Du 10 février au 22 avril 2023 • Du mercredi au samedi à 21h • Durée 1h30
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