Les faces cachées de nos bonnes consciences
J’ai découvert dans cette histoire des fonctionnements étranges, mêlés d’altruisme et de repli sur soi, de générosité et de peur...
Muriel Gaudin qui a, elle-même, accueilli pendant deux ans, dans son foyer, un jeune migrant, s’est inspiré de cette expérience pour écrire une comédie familiale et sociale qui se rit de nos contradictions et de nos préjugés enfouis.
Elsa qui a tout pour être heureuse, décide d'héberger Malik, mineur isolé venu d'Afrique. L'aventure sera exaltante, le mélange des cultures fonctionnera à merveille. Mais Elsa n'imaginait pas qu’il fonctionnerait ainsi.
Bien-pensance et cruauté mêlées
Si l’Europe a été confrontée à la crise migratoire, il y a seulement dix ans, il est de bon ton, aujourd’hui, de penser que nos pays doivent être un refuge et que nous devons tous aider, d'une manière ou d'une autre. Pourtant, lorsque l'on est face à l'accueil de ces immigrés, on remarque que le doute, le soupçon et l'entre-soi ressurgissent.
Avec ce spectacle, sur le ton de l’humour et du décalage, il ne s'agit pas de dénoncer la discrimination contre les migrants mais plutôt d'observer, de rire de notre capacité à défendre des idées et à agir à l'inverse, dès que notre sphère intime est atteinte.
Peut-on accueillir l'autre, l'accepter, sans contreparties ? Est-ce que je l'accepte pour qu'il me renvoie une image positive de moi-même ?
« Ils font tous comme ils peuvent... » Autour de Malik, perdu à des milliers de kilomètre de chez lui, cette femme, sa famille et son amant, se débattent avec leur conscience, leurs névroses et leur désirs enfouis. Ils trompent leur ennui et leurs souffrances en jouant à être quelqu'un d'autre… ils sont humains, en somme !
Un spectacle qui commence avec des allures de fête dans l’accueil, la joie et la bienveillance et se termine dans le chaos le plus total
Entourés de boites multiformes, cubes géants et coffres surprenants représentant des objets du quotidien et des espaces distincts (entrée, salon, cuisine, bureau, chambre ou le quartier de la Porte de La Chapelle), les cinq comédiens et le musicien, ne quitte jamais la scène.
Avec une langue juste, efficace et précise, mêlée de musique électronique, ils se changent continuellement et se confrontent avec ce ballet loufoque et acerbe, cette farce grinçante, naturaliste, délicieuse et choquante. Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵
Un certain penchant pour la cruauté
De Muriel Gaudin Mise en scène Pierre Notte
Avec Fleur Fitoussi, Muriel Gaudin, Benoit Giros, Antoine Kobi, Emmanuel Lemire et Clément Walker-Viry
Crédit ©Compagnie
Spectacle vu au Théâtre La Flèche
FESTIVAL OFF AVIGNON
La Scala Provence
Du 7 au 30 juillet à 13h05
Relâche les lundis 11, 18 et 25 juillet
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