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Photo du rédacteurBonfils Frédéric

Où est mon chandail islandais ?

Dernière mise à jour : 16 avr. 2021

Magnifique au Théâtre de Belleville

Avis Foudart 🅵🅵🅵

Ah ces ivrognes ! La gnôle les rend chaque jour plus repoussants et plus odieux. Mais la gnôle, c’est aussi la promesse de s’abrutir dans un profond sommeil, et d’échapper pour quelques heures à cet horrible sentiment de vivre. Une longue descente au pays de l’ivresse.

Tout semble clair dans les premiers instants. Knutte est un pauvre garçon, touchant et sympathique, qui revient au village pour l’enterrement de son père et qui apporte pour l’occasion quelques bouteilles de gnôle. Son paysan de frère et sa bourgeoise de sœur sont de toute évidence les salauds de l’histoire, engoncés dans leur morale chrétienne, l’accueillant sans un mot et s’inquiétant seulement de sa propension à boire.Voilà qu’il quitte la maison pour échapper à leurs sarcasmes, en route pour aller voir le Boulanger...

On ne peut pas dire que l’ivresse soit l’état le plus merveilleux de l’homme et, pourtant, ce mot est empreint de joie, de fête et de poésie. C’est exactement ce que l’on ressent en voyant ce seul en scène, une immense poésie.

Le travail sur la voix, sur la posture et la gestuelle est si réussi, si millimétré, que l’on sort de tout jugement de valeur (au même titre qu’avec le magnifique texte de Sig Dagerman) pour se laisser emportant par ce ton chaloupé.

Évidemment, Knutte, ce pauvre garçon est pathétique et effrayant, mais si attachant.

Son long monologue à la gloire de son père est bouleversant. Un hommage plein d’ivresse et d’amour.

La sobriété, l’évolution constante et les très belles lumières de Julien Kosellek donnent un spectacle très abouti. Un seul en scène magnifique et hypnotique.

« J’ai pensé aux piliers de bar, aux poivrots, aux ivrognes, appelons-les comme on veut, à tous ces hommes qui n’ont en apparence aucun relief ni aucune épaisseur sinon celle de leur ivresse quotidienne. Dagerman fait entendre leur humanité, la complexité de leur histoire, leur profondeur et leur angoisse. » Eram Sobhani

Où est mon chandail islandais ?

Une longue descente magnifique au pays de l’ivresse.


 

Où est mon chandail islandais ?

Mise en scène et interprétation Eram Sobhani

Texte Sig Dagerman

Texte édité aux éditions Agone

Production La nouvelle compagnie

Crédit photo Romain Kosellek

Théâtre de Belleville

94 rue du Faubourg du Temple

75011 Paris

DU 6 AU 29 SEPTEMBRE

Lun. 19h15, Mar. 21h15, Dim. 20h

Durée 1h


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