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Œdipe roi d’Éric Lacascade : une chute en pleine lumière


Un homme au sommet, une cité à genoux, un roi qui s’effondre en une seule journée. Avec Œdipe roi, Éric Lacascade met en scène une descente aux enfers saisissante, entre crise politique, destin implacable et bouleversements intimes. Une tragédie antique qui résonne avec une urgence éminemment contemporaine.


 

Du roi à l’homme


Il gouverne depuis quinze ans, a terrassé le Sphinx, fondé une famille. Et pourtant, en quelques heures, tout s’écroule. Le mythe est connu, mais ici, Œdipe ne se contente pas d’être un symbole : il redevient un homme. Un homme qui vacille, qui aime, qui nie, qui cherche, et qui finit par se voir – trop tard.


Christophe Grégoire incarne cette trajectoire vertigineuse avec une intensité remarquable. Sa présence scénique, tout en tension contenue, donne au texte une humanité troublante. Karelle Prugnaud, en Jocaste, irradie. Déchirante, magnétique, impossible à quitter des yeux. Otomo de Manuel, dans le rôle du berger, bouleverse par sa justesse désarmante.


 

Théâtre brut, tension vive


La mise en scène joue la carte de la sobriété. Pas d’effets superflus : un plateau nu, des corps en présence, une parole brute. Ce minimalisme assumé donne au texte toute sa force. Certaines scènes sont inoubliables – la confrontation initiale avec le peuple, la révélation de la paternité, l’intervention du berger. D’autres moments, en revanche, peinent à maintenir leur densité : la langue s’étire, et le rythme s’égare parfois dans une lenteur presque incantatoire.


Mais c’est aussi cela, le théâtre de Lacascade : prendre le temps, creuser les silences, laisser advenir l’effondrement. On est moins dans la démonstration que dans l’expérience partagée. Et cela fonctionne. Car ce n’est pas seulement une tragédie individuelle : c’est un théâtre du collectif, du politique, du commun.


 

Une tragédie pour aujourd’hui


Lacascade ne met pas en scène une tragédie solitaire, mais une tragédie collective, où le Chœur, puissamment incarné, devient le double du public. C’est peut-être là le geste le plus politique du spectacle : réactiver un théâtre du commun, où la parole du roi est mise en débat, où une jeune génération (incarnée par les deux comédiens du Chœur) interpelle les anciennes. Une parole qui n’assène pas une vérité, mais pose des questions – et nous invite à y répondre.


Œdipe roi devient alors un miroir tragique : celui d’un monde qui chute faute d’avoir su entendre ses propres signaux d’alerte. Une tragédie née du refus d’écouter – les anciens, les dieux, la terre, le peuple.


Un spectacle sobre, tendu, parfois inégal, mais intensément habité. Une tragédie antique qui parle à l’oreille d’aujourd’hui. Avis de Foud’art 🅵🅵



 

ŒDIPE ROI

De Sophocle

D’après la traduction de Bernard Chartreux

Adaptation et Mise en scène Éric Lacascade

Avec Alexandre Alberts, Jérôme Bidaux, Jade Crespy, Alain d’Haeyer, Otomo de Manuel, Christophe Grégoire, Christelle Legroux, Karelle Prugnaud

Et deux enfants en alternance Ilona Astoul, Ambre Baudry d’Asson, Manon Galliot Verrier, Mayya Goren, Lou Nivet-Liakh, Joséphine Prost Latifah Schmutz

Scénographie Emmanuel Clolus • Lumières Stéphane Babi Aubert • Costumes Sandrine Rozier • Son Marc Bretonnière

Crédit photo © Frédéric Iovino


LA SCALA PARIS

Du 3 au 27 avril du mardi au samedi à 21h dimanche à 17h • Durée 1h30





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