Une tragédie japonaise en trois actes de Giacomo Puccini (1904)
À travers l’histoire de la séduction puis de l’abandon d’une jeune Japonaise par un officier américain, Madame Butterfly met en scène la confrontation de deux mondes : un Japon ancré dans ses coutumes et ses traditions ancestrales, et un Nouveau Monde américain, présenté comme conquérant et inconséquent.
J’ai eu l’immense chance d’assister à une représentation magistrale de Madame BUTTERFLY et je suis encore sous le choc au moment d’écrire.
La première grande idée est d’avoir confié la mise en scène, le décor et les lumières (avec Heinrich Brunke) à Robert Wilson, car ici les arts visuels se mêlent et se réunissent pour nous offrir un spectacle d’une beauté esthétique inouïe.
La seconde est d’avoir donné la création des costumes à Frida Parmeggiani, une orfèvre. Ces costumes qui paraissent être tous faits en crêpe de soie sont aussi sobres qu’audacieux. Il y a une unité parfaite et une communion totale entre le travail de Robert Wilson et celui de Frida Parmeggiani.
J’adore, également, la gestion des gestes millimétrés qui m’ont fait penser à du Butō. A chaque moment, le placement des artistes sont parfaits. On pourrait parler d’une scénographie photographique.
Il n’y a pas à dire, l’atmosphère japonisante de cet opéra a vraiment inspiré Robert Wilson mais aussi le jeune chef d’orchestre Giacomo Sagripanti qui a fait un travail fantastique. Les voix ce mêlent parfaitement à la musique et les quelques passages « japonais » sont délicieux.
Ce soir, la soprano Dinara Alieva nous a fait vivre un moment absolument merveilleux, digne des plus grandes cantatrices. Sa puissance, son émotion et son charme ont illuminé l’Opéra Bastille. Sa prestation est telle qu´elle donne l’impression, parfois, d’être seule. Elle porte pratiquement cet opéra sur ces seules épaules et reste en scène pendant presque la totalité de la représentation.
Le rôle de Madame Butterfly est fantastique, mais très difficile et elle réussit ce challenge brillamment.
Je n’ai jamais senti autant de vérité et de désœuvrement que dans son interprétation.
J’ai envie de parler également d’Ève-Maud Hubeau qui interprète Susuki et Rodolphe Briand avec Goro.
Cette Mezzo -Soprano, en plus d’avoir une très belle voix, à des postures et un port de tête majestueux et ce Ténor a une présence folle et un jeu divin.
Et ce jeune garçon qui virevolte en envahi la scène de Bastille, tel un petit ange ? Le drame qui se joue sur scène à l’air de glisser sur lui comme de l’eau de source et il apporte une dose de fraîcheur enchanteresse.
Vous l’aurez compris, Madame BUTTERFLY est à voir absolument et à ne manquer sous aucun prétexte.
Comments