Macbeth pense pouvoir gagner un royaume et ne réussit qu’à perdre son âme
J’ai découvert Shakespeare avec « Macbeth » quand j’avais onze ans. Nous avons lu le texte à haute voix en classe – sans doute très mal, mais notre prof d’anglais nous a très bien expliqué l’ironie dramatique, la richesse de la langue et l’utilisation des images récurrentes – et cela a enflammé mon imagination pour toujours. Mitch Hooper
En tuant le roi pour prendre sa place, Macbeth se voit finalement privé de tout ce qu’un homme peut espérer dans la vie.
En poussant son mari à accomplir ce crime, Lady Macbeth pense s’unir avec lui dans la santé et la gloire mais se condamne elle-même à la solitude, la folie et la mort.
« Je voudrais partager cette histoire avec un public d’aujourd’hui. » Mitch Hooper réussi grandement son pari. Celui de respecter le texte, sa complexité et ses rimes, « cette pensée complexe et originale qui coule comme une rivière avec plusieurs courants, évoluant à travers une suite d’images.» Celui de rendre accessible une langue qui a plus de 400 ans.
Shakespeare nous fait entrer dans la tête de son héros et nous fait vivre sa tentation, son hésitation, ses doutes, puis sa détermination, son endurcissement, son isolement et sa chute.
Mitch Hooper parvient, en glissant son Macbeth dans l’esprit des années 70, et en lui faisant vivre un bad trip psychédélique, à nous transmettre, dans toute sa magnifique complexité, ce superbe texte.
Dans une scénographie très sobre, mais baignée d´une très belle lumière de Patrice Lecadre et enveloppée par un paysage sonore mêlant des bruits de nature et les musiques des Rolling Stones, des Beatles et des Doors, Mitch Hooper se sert de l’époque « flower power » et « peace and love », mais aussi, du chaos du Vietnam et des meurtres de Charles Manson.
En présentant la pièce comme le cauchemar (ou bad trip) d’un homme, je veux ouvrir une porte qui permettra de saisir la cohérence de l’ensemble tout en nous aidant à accepter certains éléments fantastiques (sorcières, fantômes, apparitions). Mitch Hooper
les sorcières devenant une manifestation des désirs intérieurs de Macbeth.
Elles incarnent les craintes d’un homme qui a peur : de la femme ; de la nature en général ; et spécifiquement de sa propre nature – ou dénature. Mitch Hooper
Avec Anatole de Bodinat et Anne Coutureau (le soir du 18 novembre), Macbeth est rock, Macbeth est fou, Macbeth est moderne. Macbeth est un magnifique spectacle dans un lieu incroyable. Celui de la sublime salle de pierre du Théâtre l’Epée de bois. Avis de Foudart 🅵🅵🅵
Macbeth
Auteur William Shakespeare
Mise en scène Mitch Hooper
Avec Anatole de Bodinat, en alternance Louise Lemoine (5 au 14 novembre) / Anne Coutureau (18 au 28 novembre), Jérôme Keen, David Mallet, Alain Payen, François Hatt, Baptiste Benoît, Sabrina Bus, en alternance Mario Gress (5 au 14 novembre) / L'Eclatante Marine (18 au 28 novembre)
Lumière Patrice Lecadre
Costumes et décor Philippe Varache
assisté de Michael Lebrasse, Moussa Gassama et Cléo Paquette
Sculpture sur bois Sylvie Tonnelier
Photographies : Olivier Thévin (affiche), Attilio Marasco
THÉÂTRE DE L’ÉPÉE DE BOIS
Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre - 75012 Paris
Jusqu’au dimanche 28 novembre 2021
Du jeudi au samedi à 21h, dimanche à 16h30
Durée 2h30
Tout public – À partir de 11 ans
Comments