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Photo du rédacteurBonfils Frédéric

Lwa : autopsie de l’inconscient colonial français

Le 27 octobre 2005 : Zyed, 17 ans, et Bouna, 15 ans, meurent par électrocution dans un local EDF à Clichy-sous-Bois alors qu’ils étaient poursuivis par la police.


© AFP

Un troisième garçon, Muhittin, 17 ans, parvient à s'échapper du local pour demander de l'aide. Il est gravement brûlé. Le soir même, la ville est le théâtre de violents affrontements entre jeunes et forces de l'ordre. S'ensuivent trois semaines de violences urbaines qui secouent la France entière. Dix ans après, deux policiers sont jugés pour "non-assistance à personne en danger". Un non lieu sera finalement prononcé.


Liberté, égalité, fraternité

Et si nous trouvions les origines du problème dans notre propre histoire de France ?

Et si nous regardions derrière nous et surtout sur notre passé colonial ?


En tout cas, c’est ce que pensent Camille Bernon et Simon Bourgade qui, après de très nombreuses recherches  ont conçu LWA, autopsie de l’inconscient colonial français.


Une tragédie pour les temps présents

Un spectacle comme un cri fougueux qui, en faisant ressurgir les fantômes de notre Histoire, évoque et confronte trois moments de révoltes historiques : l’esclavagisme français aux Antilles (Révolte d’Haïti en 1791), la fin de l’Empire colonial français(Bataille d’Alger en 1957) et la ségrégation des personnes racisées dans les quartiers populaires (Révolte des banlieues de 2005).


Du théâtre documentaire qui ne laisse pas indifférent

Très documenté, ce spectacle met en parallèle les moments de crise, eux-mêmes, des récits individuels et des discours politiques, pour un voyage percutant, moderne et sensible.


Sur scène, la compagnie de théâtre qui aime proposer des spectacles hybrides mêlant plusieurs formes artistiques, puise, ici, dans la mythologique (Lwa, étant un esprit de la religion vaudou qui sert d’intermédiaires entre le Créateur lointain et les êtres humains), pour associer la culture contemporaine à notre histoire.


Ce spectacle à la force d’un cri de souffrance et la fraîcheur de la jeunesse

Dans une très belle scénographie, très réussie et dynamique Les six jeunes comédiens s’emparent avec fièvre, de notre passé commun. Ils crient, se débattent, envahissent le plateau et nous lancent l’alerte. Ils portent la voix de notre souffrance enfouie et créent une traversée dramatique, sombre et grave, mais aussi joyeuse, débordante et vivifiante d’énergie.


Mais, le spectacle a aussi le défaut de ses qualités

Une proposition extrêmement riche et dense, particulièrement documentée et généreuse, des moments passionnants (la réincarnation de l’esprit LWA, la scène d’interview par une psychiatre lors du conflit franco-algérien et l’énumération des faits de 2005) qui donnent envie d’en savoir plus et ne laisse pas indifférent.


Mais aussi, des scènes de transition interminables (mais très drôles) et une très longue énumération de notre histoire avec une bouffée de sentimentalisme très appuyée qui finit par lasser un peu, en rendant le propos moins efficient et moins percutant. À en vouloir trop dire, à en vouloir trop faire. On finit par nous perdre dans ce sujet très vaste... mais passionnant. Avis Foudart 🅵🅵



 

LWA

Autopsie de l’inconscient colonial français

Conception et mise en scène Camille Bernon et Simon Bourgade

Collaboration artistique et jeu Salomé Ayache, Naïs El Fassi, Ahmed Hammadi, Benedicte Mbemba, Souleymane Sylla, Jackee Toto

Crédit ©Christophe Raynaud de Lage



Théâtre Paris-Villette

17 nov 3 déc 2022

Le mardi, mercredi, jeudi et samedi à 20h, le vendredi à 19h, Le dimanche à 15h30 • adultes / ados • Durée 2h15




 

Tournée saison 2022/2023

Espace des arts - Chalon sur Saône - les 13 et 14 décembre 2022

Théâtre de Rungis - 28 janvier 2023

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