29 nov. 20232 min de lecture

Les gardiennes : Une odyssée fantastique à la frontière de la folie

Après Héritiers, la pièce magnifique de Nasser Djemaï en 2019, l’auteur, metteur en scène et directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, qui a toujours si bien écrit sur les liens familiaux nous propose sa nouvelle et septième création. Une pièce qui parle de vieillesse, d’amitié et de lien avec une dimension particulièrement onirique.

Les gardiennes se sont trois femmes âgées qui entourent leur amie et ancienne collègue d’usine Rose. Elle a perdu la mobilité et la parole. Une organisation bien huilée qui fonctionne à merveille… jusqu’au jour ou Victoria, la fille de Rose débarque pour quelques jours avec son pragmatisme. Une lutte s’engage alors.

La pièce commence comme une jolie chronique sur les années qui passent et la vieillesse, avec son lot de confidences émouvantes et une certaine forme d’incompréhension « générationelle ».

« Vous êtes comme le noeud du tisserand. Plus on tire dessus, plus il se consolide et devient incassable ». EXTRAIT

Comme le nœud familial, le lien de l’amitié ne peut se défaire. Alors il faudra que chacune évolue pour tisser de nouveaux desseins dans le réel mais aussi dans l’imaginaire.

Le fantastique s’invite

La pièce prend alors des allures de fable fantastique « Je voudrais plonger le spectateur dans un univers singulier, celui d’un temps élastique, un espace à part, avec ses règles, ses rites, son atmosphère et sa propre réalité » et les gardiennes deviennent de bonnes fées ou des sorcières de Salem. Elles jouent, elles rient, elles sont facétieuses, sombres et profondes à la fois. « C’est une façon pour moi de tordre le réel, de m’introduire dans la tête de mes personnages, de matérialiser la folie qu’ils ont en eux ». Nasser Djemaï

Entre sourire enchanteur et chaudes larmes

Cette pièce déjà remarquable qui dépeint si bien les liens amicaux et familiaux de ses femmes vieillissantes prend aussi des allures fantastiques et se déploie magistralement dans une sorte de ballet loufoque d'une beauté visuelle "à couper le souffle". Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵