2 déc. 20223 min de lecture

Les chiens de Navarre : La vie est une fête

Dernière mise à jour : 5 déc. 2022

« Certes, nous souffrons à cause de papa et maman (Tout le monde ne peut pas être orphelin), mais nous souffrons aussi à cause de l’état du monde »

Depuis 2005, Jean-Christophe Meurisse et sa troupe Les chiens de Navarre rient de nous, de nos petits tracas et de non incohérences.

Aujourd’hui, parce que nous pouvons tous devenir fous, parce qu’il n’y a rien de plus humain que la folie, parce que la folie serait l’ultime chemin pour réinventer l’amour, pour réinventer la vie, ils envahissent un Hôpital psychiatrique. L’un des rares endroits à recevoir quiconque à toute heure sans exception d’âge, de sexe, de pays. Un sas d’humanité.

On se demande, qui sont vraiment les fous ? Ceux qui le sont ou les autres

Dès l’ouverture de la salle, on assiste à une foire d'empoigne parlementaire sur le thème des armes dans la société jusqu’à ce qu’un député d’extrême droite soit envoyé en hôpital psychiatrique pas ses collègues…

Un hôpital en pleine décrépitude… un peu comme notre société sans doute.

Les murs sont fissurés, le distributeur de coca ne fonctionne plus et le sol est jonché de terre.

Dans ce capharnaüm, nous allons assister à une mise à bas acide et grotesque de notre société.

Tour à tour, vont s’y croiser, une jeune femme tombée en sévère dépression après le décès de son idole, le chanteur Christophe, une femme de quarante ans célibataire qui désespère à l’idée de ne jamais trouver son compagnon de vie, un homme de cinquante ans qui a tenté une prise d’otage habillé en Joker suite à son licenciement brutal, un politicien en campagne, prêt à tout accepter et même le pire.

Il est évident que le fil conducteur est tout simple, peut-être un peu trop, mais donne l’occasion d’enchaîner des scènettes toutes plus folles et jouissives les unes que les autres.

« On va très loin et on l'assume. Je ne supporte pas la cancel culture, le fait qu'on ne peut pas rire de tout. La puissance du rire est salvatrice »

Un théâtre potache terriblement incorrect

Avec un récit qui s’est construit « au plateau » à partir de multiples exercices d’improvisations guidés par Jean-Christophe Meurisse, on retrouve, ici, tout le savoir faire étonnant et complexe des Chiens de Navarre.

« Car le geste doit toujours rester vivant. Il ne doit pas mourir »

Un travail qui n’est donc jamais figé et qui laissera toujours la place à l’expérimentation, à la prise de risques, durant les représentations.

Le constat est que Les chiens de Navarre attirent toujours autant de monde et que la grande salle de La Villette est comble. Le public consentant, vient en prendre plein les yeux, plein les oreilles. Ce spectacle, un immense Gloubi-boulga qui part un peu dans tous les sens et finalement un peu simpliste est complètement drôle, farfelu et déjanté. Un bon cru 2022 ! Avis de Foudart 🅵🅵🅵