La Compagnie Véhicule dirigée par Sabrina Bus, habituée par les rencontres artistiques, invite aujourd’hui, la metteuse en scène hongroise Bea Gerzsenyi, pour le texte Les Bonnes, de Jean Genet.
Longtemps décrié et vu, uniquement comme sulfureux, le théâtre de Jean Genet est aujourd’hui pleinement admis dans le panthéon des grandes œuvres littéraires du XXe siècle.
Une cérémonie macabre, à la recherche de notre propre monstre
Tout le monde connaît la trame de ce drame inspiré sans doute par l’affaire des sœurs Papin en 1933, même si Jean Genet, s’en ait toujours défendu.
Claire et Solange, deux sœurs, sont deux employées de maison, au service de Madame. Elles jalousent secrètement leur maîtresse. Quand celle-ci n’est pas là, les deux bonnes jouent et endossent le rôle de « Madame ». Ce jeu, en apparence anodin, devient de plus en plus trouble. Il est de plus en plus difficile de faire la part entre le fantasme et la réalité et une violence bien réelle s’installe dans le jeu.
Cette haine, de soi, de l’autre ou de l’autre comme moi-même et comme un autre que traitent ces Bonnes est un huis clos dramatique qui ouvre les champs infinis du fantasme et de la monstruosité, au sens étymologique du terme : ce qui est “montré du doigt“, ce qui est “non commun“.
Le malaise tient aussi du fait que Solange et Claire se confondent continuellement, et prennent chacune, tour à tour, l’ascendant sur l’autre.
Grace Lynn Mendes, Sabrina Bus, deux comédiennes impeccables et d’une grande élégance, se « laissent la place » et se débattent sur scène au milieu d’un décor complètement surréaliste.
Madame est absente. Madame est absolument présente
Madame n’est qu‘un prétexte, mais aussi, un fantasme très clairement érotisé. Elle n’est plus qu’un objet : petite table, lavabo, fauteuil… et finit, à l’apogée de la cérémonie, en totem monstrueux, immense, fétichisé et découpé.
Fantasme, lutte des classe et descente aux enfers
La musique et la danse est au cœur de cette descente aux enfers où la violence des mots dépasse largement la violence physique.
Une jalousie dévastatrice
Le passage incessant du réel à l’irréel, du réel au fantasme, font de ce spectacle très contemporain, entre effroi et saisissement, une véritable satire sociétale et une belle réflexion sur ce qu’est le théâtre, depuis toujours. Avis de Foudart 🅵🅵🅵
Les Bonnes
de Jean Genet
Mise en scène Bea Gerzsenyi
Distribution Grace Lynn Mendes, Sabrina Bus
Lumière Antoine Longère
Scénographie Pierre Leprêtre
Administration Antonnella Saffré
Musique Damien Domenget
FESTIVAL OFF AVIGNON
ALYA LE THÉÂTRE
Du 6 au 28 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet à 14h35
Durée 1h25
Comments