Oyez, oyez braves gens !
Si vous connaissez déjà le travail du Théâtre Dromesko, vous ne serez pas surpris. Pour les autres, pour ce spectacle dont nous allons parler, vous auraient peut-être besoin de ces quelques recommandations :
S’il vous plaît, oubliez tous les codes du théâtre et ne vous attendez, surtout pas, à suivre un fil narratif classique.
Laissez à la Porte du chapiteau votre esprit cartésien, ouvrez grand les yeux, laissez-vous porter, découvrir et pensez avec votre cœur.
Comment rebondir après une création artistique ? Comment retrouver l’inspiration et se remettre en piste sans recommencer la même histoire ?
Cette sensation très compréhensible, mais aussi très particulière, très spécifique, de vide, parfois de désespoir, tous les artistes l’on ressentie.
Pour la création du jour du Grand jour, nous avons passé de nombreuses heures dans cet espace en bi-frontal à chercher, tester et trouver, peu à peu, là où nous n’espérions plus rien. Ceux pour qui nous mettions la table sont enfin arrivés... la Baraque a ouvert ses portes, ils sont entrés et ont pris place dans ces gradins pour nous guider dans ces méandres poétiques.
Le dur désir de durer, est logiquement la suite du jour du Grand jour, mais une suite très particulière. Une suite en avant, une grande panique face aux lendemains qui déchantent avec, dans le dos, les rengaines du passé et, sous les pieds, le vertige d’être encore là aujourd’hui.
Après l’immense banquet de mariage, la troupe, vous convie, cette fois-ci, à une extravagante procession macabre, farfelue, magique et drôle, faites de tableaux enchainés, tous plus beaux, les uns que les autres.
Après demain... demain sera hier
Un peu comme la sensation très agréable que nous pourrions avoir lorsque, assis à la terrasse d’un café, nous nous mettons à regarder déambuler la foule, dans ce cadre ouvert, sur ce petit bout de plancher perdu au milieu du public, nous allons voir passer et repasser, courant ou trainant, seul ou nombreux, tout un monde de créatures aussi inquiétantes que poétiques.
Ils traversent, viennent de quelque part et se dirigent vers… ont ne sait où
On va apercevoir un fragment de leur parcours, une parenthèse de vie avant un « après » ou après un « avant ».
« On va vous laisser libre de tout ressenti »
Chaque moment, ne sera que suggéré et nous pourrons partager un petit bout de route, un petit bout de vie.
Au milieu, un homme qui essaie de dire
quelque chose ou du moins juste exister, croisera une vierge naine, lâchement abandonnée par ses jambes, un homme portant un tout jeune enfant, des lits d’hôpitaux, un torero dans son habit de lumière, affutant sa faux, des anonymes et des inconnus déjà connus…
Le dur désir de durer, le dernier (le tout dernier ?) spectacle d’Igor et Lily est une fête macabre, un testament loufoque réjouissant rempli d’émotions. Dans un immense courants d’air, une bourrasque magistrale, l’imaginaire et la créativité du Théâtre Dromesko défile devant nos yeux éblouis et nous offrent un spectacle passionnant plein de surprises et de mélancolie.
Avis de Foudart 🅵🅵🅵🅵
LE DUR DÉSIR DE DURER (APRÈS-DEMAIN, DEMAIN SERA HIER)
THÉÂTRE DROMESKO
conception, mise en scène et scénographie Igor et Lily
textes Guillaume Durieux
jeu / danse Lily, Igor, Guillaume Durieux, Violeta Todό-González, Florent Hamon, Zina Gonin-Lavina, Revaz Matchabeli, Olivier Gauducheau, Jeanne Vallauri
interprétation musicale Revaz Matchabeli (violoncelle), Lily (chant), Igor (accordéon)
© photo Fanny Gonin
THÉÂTRE LE MONFORT
Espace Chapiteau Du 1 au 11 juin 2022 à 20h30 Durée 1h30 • tout public dès 12 ans
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