Imaginez un immeuble paisible à Paris. Au sixième étage, vous avez les Berger, couple bobo incarné par Corinne Touzet et Pascal Légitimus. Le rêve de leur vie ? Transformer leur appartement en duplex pour avoir une vue imprenable sur la ville. Le seul hic : au cinquième, les Tissandier (Anny Duperey et Francis Perrin), retraités tranquilles, n'ont pas la moindre envie de céder leur nid douillet. Et c’est là que la comédie démarre, car quand un bobo veut quelque chose, il ne recule devant rien. Mais vraiment rien.
Didier Caron, le maître de la comédie de boulevard, nous offre ici un jeu du chat et de la souris d'une modernité toute parisienne. On pourrait croire qu'on est dans une version théâtrale de Tom et Jerry, sauf que cette fois, Tom est un bobo prêt à toutes les ruses, et Jerry, un duo de retraités bien ancrés dans leurs fauteuils Régence.
Des Plans Machiavéliques… ou Presque
Les Berger sont prêts à tout pour pousser leurs adorables voisins au divorce, quitte à leur faire vivre un véritable enfer ! S'ensuit une série de coups bas, de mensonges et autres manigances. Leur objectif ? Rendre la vie des Tissandier insupportable et les forcer à quitter cet immeuble qu'ils aiment tant.
Deux mondes s’affrontent : d'un côté, les Berger et leurs meubles Ikea ; de l'autre, les Tissandier et leur mobilier classique. C'est la guerre du goût, la bataille de l’esthétique, et surtout, un formidable prétexte pour une avalanche de quiproquos.
Un Quatuor Déchaîné
Le public, lui, est rapidement conquis. Et comment ne pas l’être quand on a un quatuor d'acteurs aussi solide ? Anny Duperey vole littéralement la vedette. Elle déambule sur scène avec la légèreté d'une ballerine, que ce soit dans une danse country improvisée ou une scène un tantinet sexy qui vaut à elle seule le déplacement. Pascal Légitimus en bobo maniaque est hilarant. Il incarne à merveille le type qui monte des plans machiavéliques… qui échouent aussi rapidement qu'ils sont imaginés.
Et que dire de Corinne Touzet et Francis Perrin ? Leur complicité sur scène est palpable. On redécouvre ces deux acteurs que l’on croyait uniquement voués aux petits écrans. Francis Perrin, avec son flegme et son humour pince-sans-rire, est l’antithèse parfaite de l’agitation délirante de Pascal Légitimus.
On Rit, Et Ce N’est Pas Pour Rien
Bien sûr, ne vous attendez pas à des dialogues dignes de Shakespeare. Le Duplex est un boulevard pur et simple, avec des répliques souvent prévisibles. Mais là est tout le génie de la pièce : les situations, bien que convenues, sont si bien jouées qu'on finit par en rire. Et ce n’est pas seulement parce que les acteurs sont bons. C’est aussi parce qu'ils savent rire d’eux-mêmes et qu’ils nous entraînent dans leur folie douce. Oui, on sait comment ça va se terminer, mais on se marre quand même.
Une Scène Digne d’un Jeu de Société
Le décor ? Un plateau mobile qui se promène entre le cinquième et le sixième étage, avec les deux appartements collés l'un à l'autre. Les portes claquent, les disputes résonnent, et les voisins se mêlent des affaires des autres, tout cela sous notre regard complice ravi de se retrouver en plein cœur de ce chaos organisé.
Jean Haas, le décorateur, a fait des merveilles en créant ces deux mondes parallèles. Chez les Berger, on est dans le blanc immaculé, sans âme, façon catalogue de déco scandinave. Chez les Tissandier, c’est plus rustique, plus chaleureux. Bref, deux ambiances qui se répondent à coups de regards en coin et de petites piques bien senties.
Le Verdict : Un Duplex Qui Déménage !
On rit. Beaucoup. Et c’est là l’essentiel. Certes, l’histoire est un prétexte à la farce, et on devine dès les premières minutes que les Berger n’auront pas leur duplex. Mais peu importe. Le spectacle ne réside pas dans la fin, mais dans les moyens employés pour y arriver. Et quels moyens !
Alors, allez voir Le Duplex, même si vous avez l’impression de connaître la fin avant même d’y mettre les pieds. Parce que, comme le prouve cette comédie, même le plus banal des plans machiavéliques peut devenir un chef-d’œuvre de rire quand il est porté par des acteurs aussi talentueux. Avis Foudart 🅵🅵🅵
Le Duplex
Écrite et mise en scène par Didier CARON
Avec Anny DUPEREY, Pascal LÉGITIMUS, Francis PERRIN et Corinne TOUZET
Décors Jean HAAS assisté de Bastien FORESTIER • Lumières Madjid HAKIMI • Musique Hervé DEVOLDER • Chorégraphie Cathy ARONDEL
Crédit photo © Bernard Richebé
THÉÂTRE DE PARIS
Triomphe ! Reprise à partir du 12 septembre !
Du mercredi au vendredi à 20h • Les samedis à 16h et 20h • Les dimanches à 15h • Durée du spectacle 1h30
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