Si je vous disais que la pièce la plus folle, la plus drôle de Paris se joue actuellement à la comédie française, vous me croyez ? Hé bien c’est le cas pourtant.
Tout le monde connaît la puce à l’oreille de Georges Feydeau, le roi du vaudeville. J’ai vu cette pièce une bonne dizaine de fois et je l’ai même travaillé au conservatoire.
Feydeau n’est peut-être pas le plus grand auteur du répertoire, mais j’aime son côté potache et ses répliques qui fusent.
Ce soir, J’en ai pleuré de rire et c’est la première fois depuis septembre. La magie de ce spectacle réside principalement dans les idées de mise en scène multiples et magistrales de Lilo Baur.
J’aimerais juste avoir la chance de visiter quelques secondes le cerveau de cette metteuse en scène complètement folle et décalée.
Je vois tellement d’inspiration. Un côté un peu anglais, un peu américain. Un peu français. J’ai vu un peu du Tati sur scène, du Blake Edwards, du Georges Lautner et même du Claude Zidi.
La plus grande idée est d’avoir transposé l’histoire dans les années 60. Des années géniales ou l’insouciance, la joie de vivre, la musique, les vêtements étaient si « yéyé ».
À partir de cette base fondamentale, tout devient tendre et majestueux. La scénographie de d’Andrew d’Edwards est splendide et dépoussière complètement cette pièce. Les costumes d’Agnès Falque sont magnifiques et quelle musique de Mich Ochawiak ! Je n’ai pu m’empêcher de dodeliner la tête de bonheur.
Tout ceci permet aux comédiens géniaux d’exprimer tout leur potentiel. La dérision, la joie, le désespoir. On a l’impression qu’Anna Cervinka sort tout droit de la Sorcière bien-aimée. Jean Chevalier pourrait être le partenaire de Louis de Funès (Thierry Hancisse) et Serge Bagdassarian est tout simplement mon immense coup de cœur.
Quand je l’imagine en brillant Galilée, c’est fou. Son talent est immense, il est totalement méconnaissable. Peut-il absolument tout jouer ? est-il un génie ?
J’ai même eu l’impression de voir une pièce en trois dimensions avec ces scènes d'extérieurs drôlissimes.
Je suis tombé dans tous les pièges et j’ai retrouvé mon âme d’enfant. En parlant d’enfant, justement, il y en avait quelques-uns dans la salle, J’ai été ébloui et ému par leur joie et leur rire. À un moment donné, une petite fille s'est retrouvée debout, presque en transe de bonheur.
J’avais l’impression de voir ma fille au théâtre et j’en ai eu une petite larme à l’œil.
Des enfants heureux dans la maison de Molière. Il n’y a que Lilo Baur pour réussir cet exploit. On oublie parfois que dans « comédie française », il y a comédie.
Aujourd’hui, cette maison a porté parfaitement son nom et nous a proposé une magnifique comédie française (aux influences internationales).
J’adore cette phrase que j’ai entendue en sortant. Ça, c’est du théâtre !
Immense, sublime, un pur chef-d'oeuvre de plus. Entre la vie de Galilée, Electre et Oreste et la Puce à l’oreille. Quel bijou de programmation
Crédits photos :
Photographies du spectacle © Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française Portraits de la Troupe © Stéphane Lavoué
Portrait de Lilo Baur © Dietrich Ian Lafferty
Portrait d'Andrew D Edwards © Dan Wooller
Portrait de Fabrice Kebour © Studio Pictange
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