Avis de Foudart 🅵🅵🅵
M. Linh a fui son pays ravagé par la guerre. Au terme d’une traversée éprouvante, le voilà qui débarque dans un port occidental, une modeste « valise de cuir bouilli » posée à ses pieds, et sa petite fille blottie dans ses bras : Sang diû. Un prénom qui signifie « matin doux ». Mais c’est un froid glacial qui accueille l’exilé et la petite. Il faudra l’homme au banc et sa voix grave pour que la vie de M. Linh reprenne du sens. Entre les deux hommes, une étrange amitié se noue. L’un parle, l’autre écoute. Ils se comprennent, non avec les mots, mais avec le cœur. Et un rien déchire la grisaille... jusqu’à ce que...
Note d’intention de Sylvie Dorliat, l’initiatrice du projet : Une amie très chère m’a, un jour, prêté La petite Fille de Monsieur Linh. J’ai lu d’une traite ce roman à l’écriture épurée et poétique, j’ai sangloté lors du dénouement terrible et beau, j’ai rendu, à regret, le livre à mon amie et j’ai couru l’acheter pour pouvoir le « posséder » et… le prêter à une autre amie à qui je voulais le faire découvrir.
En créant La petite fille de Monsieur Linh, Sylvie Dorliat et Célia Nogues ont fait un magnifique travail.
La première en adaptant et en interprétant ce seul en scène magnifique et la deuxième en le mettant en scène.
Sylvie Dorliat est devenue « folle » de ce texte de Claudel assez méconnu. L’adaptation qu’elle en a faite est superbe. Elle a su conserver l’esprit poétique et romanesque du texte sans tomber dans une retranscription trop littéraire, comme c’est malheureusement, souvent le cas. Sur scène, avec sa très belle voix posée et chaude, elle se place en conteuse merveilleuse. Elle nous prend par la main, avec beaucoup de délicatesse et nous accompagne avec douceur et conviction, dans cette histoire.
Célia Nogues en faisant intervenir des voix off et de très belles sonorités musicales ou autres a créé un spectacle magnifiquement éclairé tout en ombre et lumière.
Avec une narration presque onirique, les deux amis Bark et Linh représentent deux versions de la solitude en tout point différent, mais si unis par l’amitié et l’envie de transmettre ce conte aux mots simples sont si palpables que ce spectacle en devient un vrai petit bijou inscrit dans notre cœur.
Cette amitié si forte qu’elle donne à réfléchir. Que pouvons-nous offrir aux immigrés ? Qu'est-il vital de leur offrir ?
LA PETITE FILLE DE MONSIEUR LINH
DE PHILIPPE CLAUDEL
MISE EN SCÈNE CÉLIA NOGUES
ADAPTATION ET INTERPRÉTATION SYLVIE DORLIAT
LUMIÈRES DAVID DUBOST
CRÉDIT PHOTO DAVID DUBOST
Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
Direction : Benoît Lavigne
1H15 / DU 26 AOÛT AU 11 OCTOBRE 2020.
DU MARDI AU SAMEDI À 19H30 ET LE DIMANCHE À 15H30
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