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Photo du rédacteurBonfils Frédéric

La petite dans la forêt profonde

À en mourir de désir


Le désir peut évoqué l’envie… de plaire, d’aimer ou de savoir mais aussi de dominer, d’avilir ou de violenter.


Les perversions du désir

Dans notre culture, la notion de désir incontrôlable est une idée romanesque bien ancrée et même parfois acceptée ou excusée. Un désir si fort qu’il rendrait l’homme incontrôlable au point qu’il se transforme en bête. Mais de plus en plus souvent, on commence à reconnaitre que les débordements du désir ne sont pas de l’amour mais bien de la violence. On commence à clamer haut et fort qu’un désir qui menace et blesse n’est qu’un désir de possession égoïste et destructeur et non une preuve de passion romantique.


Cette affirmation est assez récente bien que présente dans les textes anciens comme dans Les Métamorphoses d’Ovide. Philippe Minyana, ce poète du sensible, cet auteur qui a toujours su manier comme personne l’art du grotesque et du tragique, s'est emparé des personnages de Procné et Philomèle pour en faire une adaptation contemporaine et il le fait « à hauteur d’humain», en s’éloignant du grandiose et de la poésie lyrique du texte d’Ovide.


Un jeune roi et sa petite belle-soeur arrivent dans son pays. Avant d’aller rejoindre son épouse au palais, ils feront une halte dans une bergerie. C’est un stratagème. Le jeune Roi veut la petite, mais elle l’ignore. Un désir brûlant qui finira de la plus abjecte des façons.


 

« Tu dis que c’est un havre de paix ? Demande la petite

Oh oui Dit le jeune roi

C’est un beau bâtiment ? Demande-t-elle encore ?

Oh oui Dit-il et il ajoute

Viens » EXTRAIT

 

Aujourd’hui, c’est au tour d’un jeune metteur en scène Alexandre Horréard, accompagné de deux jeunes comédiennes Louise Ferry et Clémence Josseau bruiteuses, chanteuses de nous conter cette folle histoire.


« Le but de la mise en scène n’était pas de noyer le formalisme de Minyana sous d’autres couches de formalisme, mais de faire entendre la poésie, les mots, et bien sûr le fond. Restituer la violence par le récit. Nous voulions nous servir de la douceur du conte, sans grands cris ni déchaînements pour explorer l’insoutenable »

Les deux comédiennes sont les conteuses, à la fois à l'intérieur et en dehors du récit mais également Philomèle et Procné. La parole du roi, la parole de la violence, est donc toujours rapportée par ces deux femmes, ses victimes, la petite et la reine.


Elles content avec leur voix timide, mutine ou effrayante et, à l’aide d’un micro, de bruitages et de chants, dans un chuchotement qui peut faire pensée à la méthode ASMR, créent l’ambiance sonore au plateau.

 

Après quelques minutes d'adaptation indispensable à ce type de spectacle très différent, très inhabituel et très créatif, on se laisse complètement porter par ce conte morbide et... presque malicieux. Cet étrange et merveilleux objet théâtral. Avis de Foudart 🅵🅵🅵


  

 

La petite dans la forêt profonde

Texte Philippe Minyana, publié à l’Arche Editeur

Mise en scène Alexandre Horéard

Avec Louise Ferry et Clémence Josseau

Lumières Alexandre Horréard

Crédit / photos Marie Hamel


Festival OFF Avignon

La Chapelle des Italiens

Du 29 juin au 21 juillet à 15h40 • À partir de 14 ans


Spectacle vu au Théâtre les Déchargeurs




  


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