Un voyage du sommeil vers la réalité
Le chorégraphe Marcos Morau et Le Ballet de l’Opéra de Lyon propose une version fascinante de la Belle au Bois Dormant.
La Belle au bois dormant est certainement un des contes classiques les plus emblématiques de notre histoire. Un conte qui a été interprété, revisité et réadapté de très nombreuses fois et, notamment, pendant les fêtes de fin d’années.
Dans l’histoire originelle, Aurore, La Belle au bois dormant est restée endormie pendant cent ans, jusqu’à ce que le baiser du prince la réveille.
Mais, avec le temps qui passe et les mœurs qui évoluent, l’idée de dormir 100 ans, n’a plus du tout la même résonance romanesque et, ce qui pouvait nous apparaître comme une opportunité excitante deviendrait plutôt un cauchemar.
Enfin, cette histoire de prince qui vient délivrer la belle endormie n’évoque plus vraiment l’amour aujourd’hui et, sans consentement, ce baiser est plutôt perçu comme une violence.
Alors pourquoi monter La Belle au bois dormant aujourd’hui ? Cette vieille histoire qui n’a plus vraiment de liens avec le monde contemporain ?
« j’avais envie d’évoquer tout ce que La Belle au bois dormant ne perçoit pas – parce qu’elle est endormie. Je voulais travailler à partir de tout ce qui a lieu pendant qu’elle dort, de décrire l’environnement qui l’entoure et ce qui se passerait si, au lieu de s’endormir lors de son 16e anniversaire, Aurore était endormie depuis le début de sa vie ? si, au lieu d’être « celle qui s’endort », elle était « celle qui ne se réveille pas » ? »
Du somnambulisme effaré
Marcos Morau, le chorégraphe catalan, directeur de la compagnie La Veronal, avec son imaginaire si particulier et sa créativité s’est emparé de cette histoire pour en faire une partition contemporaine, tout en maintenant l’exigence des grandes écritures chorégraphiques classiques.
Dans ce ballet, Marcos Morau qui a vraiment le sens du cadre, du mouvement et de la composition de l’image, a créé un cortège, imparable, effréné, chaotique et hypnotique à mi-chemin entre le théâtre, l’opéra et la danse, d’une grande précision.
15 danseurs, au son de la musique originale de Tchaïkovski mêlée de tonalités électroniques, nous invitent dans un monde frénétique où les éveillés côtoient celui du sommeil, sans espoir et sans futur.
« Je voulais réussir à retranscrire la sensation de l’histoire, sa dilatation, pas l’histoire elle-même ».
Le rideau se lève, sur une boîte monochrome qui alterne entre différentes couleurs. Les danseurs et danseuses, tous en robe de dentelle blanche, sans aucune distinction de classe ou de genre exécutent des gestes saccadés, désarticulés sur une musique inquiétante et mystique.
Puis, au fil de la pièce, l’espace scénique ne cesse de se transformer jusqu’à ce que le décor se délite et se désole.
Le sommeil de La belle au dois dormant et le nôtre se sont mêler pour, en fin de compte, représenter notre propre vie.
LA BELLE AU BOIS DORMANT
Création 2022
Chorégraphie et lumières Marcos Moreau Musique Piotr Ilitch Tchaïkovski
Avec Le Ballet de l’Opéra de Lyon - Marie Albert, Kristina Bentz, Caelyn Knight, Maeva Lassere, Yan Leiva, Albert Nikolli, Lore Pryszo, Raul Serrano Nuñez, Giacomo Todeschi, Paul Vezin, Merel Van Heeswijk, Katrien De Bakker, Anna Romanova, Noëllie Conjeaud, Edi Blloshmi
Scénographie Max Glaenzel
Costumes Silvia Delagneau
Dramaturgie Roberto Fratini
Conception sonore Cristobal Saavedra
Photo © Jean-Louis Fernandez
LA VILLETTE
Du 15>18 décembre 2022
Jeu & Ven 20h Sam 19h. Dim 16h • Durée 1h20 • Déconseillé aux moins de 12 ans
Tournée après La Villette
(d’autres dates à venir)
MC Grenoble du 6 au 7 avril 2023
Manège de Reims du 14 au 16 avril 2023
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