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Photo du rédacteurBonfils Frédéric

Interview Ariane Ascaride

"Ce qui m'intéressait, c'était qu'on reprenne contact avec vous après toute cette interruption, mais qu'on ne reprenne pas contact d'une manière violente, plutôt d'une manière consciente". Ariane Ascaride


Je vous propose un truc. Vous venez à la maison, j'achète du champagne, on cherche des textes, on se bourre la gueule jusqu'à 17h30 de l'après-midi car à 18h, il faut que vous soyez chez vous.

À l’occasion du très beau spectacle Paris retrouvée à la Scala Paris, actuellement, mais aussi de la sortie en salle, le 20 octobre, du film magnifique Les Héroïques de Maxime Roy. Ariane Ascaride m’a parlé de son amour pour Paris et pour le cinéma.


Frederic Bonfils - Lors d'un certain confinement, alors que nous étions tous tétanisés, vous, vous écrivez un poème - hommage, sur Paris.

Ariane Ascaride - Moi aussi, j’étais tétanisée ! En fait, c'est la colère. Lors du premier confinement, j'ai écrit un livre sans même le savoir.

Suite à la demande d’Augustin Trapenard, d’écrire Une lettre d'intérieur pour France Inter, j’y ai pris goût car ça me permettait de respirer. J'ai donc décidé de continuer. J’ai écrit des lettres à mon père qui est mort depuis très longtemps. Les gens du Seuil qui avaient entendu ma lettre sur France Inter, m'ont appelée. Ils m'ont demandé si j'écrivais autre chose « Oui, j'écris des lettres à mon père » Ils m'ont dit « Vous écrirez jusqu'à quand ? » « jusqu'à ce qu'on sorte !»


Il ne faut plus jamais arrêter d'écrire, c'est absolument magnifique.

(Rire) Le Seuil a sorti ce livre, en janvier, qui s'appelle « Bonjour Pa' ». En février, j'avais un rendez-vous Avenue Wagram et j'étais en avance. Il faisait un temps pourri, il faisait froid. Je pouvais pas aller dans un café, les magasins étaient fermés et il y avait très peu de gens qui marchaient dans la rue. Et je trouvais ça d'une tristesse absolument, épouvantable.

Donc, ça m'a mis encore une fois en colère. (Rire) - J'ai été de très nombreuses fois en colère pendant toute cette histoire - Je suis rentrée chez moi et j'ai écrit. J'ai appelé mes copines avec qui je devais jouer « Le dernier jour du jeûne » de Simon Abkarian - qui avait été arrêté au premier confinement, au premier couvre-feu et au deuxième.

Je leur ai dit : « Écoutez, je vous propose un truc. Vous venez à la maison, j'achète du champagne. on cherche des textes, on se bourre la gueule jusqu'à 17h30 de l'après-midi car à 18h, il faut que vous soyez chez vous. Et voilà ! Ça s'est fait comme ça.


Alors vous, quand vous êtes en colère, vous écrivez des poèmes ? Des textes sensibles et délicats ?

Je ne sais pas (rire), C'est vraiment venu comme ça, spontanément ! Il fallait que ça sorte. Il y a des moments où je suis tellement en colère ou émue que je ne peux plus parler. il faut que j’écrive. Que ça passe par mon stylo. Pas par un ordinateur, mon stylo.


Vous avez écrit « Un matin, j'étais sur ce trottoir aux brasseries barricadées. Que faire ? »

Oui, c'est vrai, c'est ça. Je me suis dit : « Qu'est-ce que je fais ? Je vais prendre le métro ? » mais ce n’est peut-être pas si sûr, j'en sais rien. » Je m'étais achetée un scooter, mais quand il pleut, j'ai peur de glisser. Donc, j'étais perdue et très énervée. (Rire)


J’ai été surpris quand ce spectacle a été annoncé parce que, bêtement, j’identifiais votre nom plutôt à Marseille.

Non mais c'est vrai. Je suis née à Marseille. On a fait beaucoup de films avec Robert Guédiguian à Marseille. J'ai un lien très fort à cette ville, mais ça fait 40 ans que je vis à Paris. C'est une ville qui a accompagné mes rêves d’enfant, je voulais y venir, y vivre. Et puis c’est une ville que j’ai vu bouger, se transformer.

Vous voyez, aujourd'hui, j'étais à France Inter et j'ai décidé de venir ici en marchant. j'aime beaucoup marcher dans Paris et voir la vie de partout.


Vous n'occultez rien de Paris dans Paris Retrouvée. Vous parlez du pont de l'Alma, du Père-Lachaise. Mais aussi des manifestations, des gilets jaunes.

Des manifs, du Bataclan, toutes ces choses-là qui sont quand même très importantes. Paris, c'est tout ça et c'est ça la force de cette ville.

Je ne connais pas beaucoup de villes au monde qui soit aussi romantiques avec des manifs, des nuits debout sur la place de la République, des sans-papiers…J'aime cette ville.


J'aime beaucoup la notion de troupe dans ce spectacle. Je trouve que vous êtes vraiment comme des saltimbanques.

C’est tout à fait ça ! (Rire) Sauf que nous étions très malheureuses. Quand je leur ai fait cette proposition, je ne savais pas du tout comment elles allaient réagir et elles m'ont toutes dit : « Mais j'arrive, j'arrive, oui, oui, j'arrive. » C'est une histoire d'amitié, de passion.

Vous savez, on est toutes dans la même loge. On pourrait en avoir deux, mais on est toutes ensembles. On a un côté roulotte en fait.


Cinq femmes et un musicien, un accordéoniste extraordinaire. Tout le démarrage quand vous dites ce texte, ce poème splendide sur Paris, cet hommage merveilleux, il vous suit vraiment au cordeau.

Formidable, absolument magnifique. Je pense que la présence de David est absolument indispensable. Le spectacle ne serait pas du tout le même s’il n'était pas là.


J'aurais bien aimé être là pendant la création de ce spectacle.

Ça s'est fait avec beaucoup de douceur. Les filles sont arrivées avec plein de textes et on a travaillé beaucoup, beaucoup, avec plein de rigueur.


Et vous êtes toutes très différentes. A vous cinq, vous faites une femme parisienne en fait.

(Rire) Je vous avoue qu’on ne l'a pas fait exprès. Ce que vous dites, d'autres nous l'ont dit aussi. « Ah ben, oui tiens ! » Il y a la petite, c'est moi. Il y a les deux grandes gringues d'un côté, il y a aussi, Annick, la chanteuse, Pauline...

C'est toutes des filles qui ont un point de vue sur leur métier, sur Paris, sur ce spectacle.


Lorsque vous commencez le spectacle, vous êtes très douce, avec une gentille chanson parisienne et je me suis dit…

« Oh, mon dieu ! »

Non, pas du tout, mais je me suis dit que ça allait être un spectacle avec de gentilles chansons françaises, mais pas du tout. Vous dites des textes absolument incroyables, parfois méconnus, subversifs.

Il y a des textes sur la Commune, des textes de Victor Hugo, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Elsa Triolet, Pablo Neruda, Marina Tsvetaïeva, Prévert, Louise Michel, Jean-Roger Caussimon...et des chansons.

Ce qui m'intéressait, c'était qu'on reprenne contact vous, après toute cette interruption, mais qu'on ne reprenne pas contact d'une manière violente, plutôt d'une manière consciente.


Vous chantez, vous êtes sexy, vous parlez, évidemment, vous faites même un peu enfantine à un moment. Vous savez tout faire ? Si vous me parliez de « du Bon, du Beau, Dubonnet » ?

C'est génial ça. c'est assez rigolo car les gens qui sont en dessous d'un certain âge me disent « Mais qu'est-ce que c'est cette histoire Dubo, Dubon, Dubonnet ? »

Je me rappelle quand je suis arrivée à Paris, je ne connaissais pas cet apéritif Dubonnet. Donc, je prenais le métro, je voyais ce truc. La première fois, je me rappelle, je me suis dit : « C'est quoi ? c'était dans pratiquement tous les couloirs du métro. c’était partout !


Pendant tout le spectacle. On passe par plein d'émotions. On est parfois étonné, surpris, ému, et on n'arrête pas, sans arrêt, d'ouvrir la bouche derrière son masque et de sourire.

Mais c'est dommage parce qu'on ne vous voit pas.


Oui, mais on bouge la tête aussi.

Oui, ça on voit et on entend que vous chantez avec nous,


D'abord, je pense que pour que vous ayez du plaisir, il faut que nous nous en ayons. Sinon, c'est pas possible !

Je crois que nous avons une capacité de générosité pour vous faire passer le plaisir que nous avons. (Rire)

C'est la joie de se retrouver dans des théâtres. Et c'est difficile encore parce qu'il y a beaucoup de gens qui n'osent pas encore aller dans les théâtres, dans les cinémas,


Dites a tous le monde, à vos voisins de ne pas mettre leurs chaussons, de garder leurs chaussures et de sortir le soir au spectacle.


Alors, en parlant de cinéma, justement. Le 20 octobre, va sortir un film absolument magnifique qui s'appelle « Les Héroïques » de Maxime Roy avec François Créton.

Oui, ce film est époustouflant.


Je me suis vraiment posé une question pendant ce film, une question presque existentielle. Je me suis dit, parce que François Créton est absolument incroyable de vérité « finalement, quand on joue avec quelqu'un qui interprète aussi justement un rôle, est-ce que ce n’est pas plus compliqué de jouer, face de lui ? »

Ah non, moi je dirais plutôt que c'est plus facile !

Non, regardez Clotilde Courau et ces scènes avec François Créton. Moi, j'adore Clotilde dans ces scènes-là. C'est, je trouve, une des plus belles choses qu'elle n’ait jamais fait.

Quand vous avez un garçon comme ça, face à vous, vous ne pouvez pas vous servir de vos ficelles. Il faut y aller. C'est comme ça et c'est très excitant.


C'est un peu mon saut à l'élastique à moi. Je dis toujours « il y a des gens qui vont se jeter des ponts pour avoir des émotions, nous, nos émotions vont surgir quand on entend "moteur" et ça doit être le plus sincère et authentique possible.


Votre personnage a une place extrêmement importante dans le film car vous faites le pont entre le passé et le présent, vous êtes celle qui comprenait.

Alors que cette femme était folle amoureuse de son homme, elle dit : « Je crois que je vais rentrer chez moi. » Parce qu'il y a un truc avec lequel elle n’est pas d'accord. Là c’était trop, ce n’était plus possible.

C'est une fille qui a une espèce de colonne vertébrale bien établie, c'est une petite coiffeuse, une femme toute simple.

Il faut savoir que c'est Maxime qui cadre. C'est lui qui a la caméra à l'épaule tout le temps. Donc c'était assez formidable de tourner avec lui. Il était notre premier spectateur.


C'est un film très intime, très doux et bouleversant.

Oui, et en même temps, j'aime beaucoup la vision de la banlieue qu'il donne.

Ce n'est pas du tout une vision spectaculaire, comme on peut le voir souvent. La banlieue, c’est aussi des gens qui essaient juste de s'en sortir.

Pour moi, Maxime est l'héritier de Duvivier, il a quelque chose comme ça, dans son regard empreint d'une humanité absolument formidable.


Et Richard Bohringer

Il est génial. Il était tellement heureux de faire ce film, Richard. Tellement, tellement, tellement heureux.


Il y a une espèce d'ange qui s'est penché sur ce film

Oui, il y a eu, un petit peu, un état de grâce sur ce plateau. Ça, c'est sûr !

C’était un bonheur de se retrouver avec cette équipe, avec ce jeune réalisateur, de 30 ans, qui tient son tournage avec beaucoup de douceur. Tout était très respectueux, très attentif ?

Maxime Roy adore les acteurs - il est lui-même acteur - et c'est très agréable. Vous êtes en confiance.


Il y a toujours beaucoup de douceurs et de poésies, et des vérités crues aussi.

Oui, par exemple, toutes les séquences chez les Alcooliques anonymes...


Extraordinaire ce moment-là. Le début est fou, c'est dingue ! Et ça a été reconstitué, c'est bien ça ? On pourrait croire que c'est vraiment pris sur le vif.

Oui ça a été reconstitué, mais avec un gros travail d’investigation et des acteurs, non professionnels, jouaient avec nous.


Merci beaucoup Ariane

Mais Je vous en prie.








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