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Indestructible : La Peugeot 504, mémoire vivante des luttes ouvrières et sociales

Photo du rédacteur: Bonfils Frédéric Bonfils Frédéric

Un retour poignant sur les années 60-70 pour questionner notre présent


Coécrit et mis en scène par Hakim Bah et Manon Worms, Indestructible s’empare des luttes sociales et ouvrières des Trente Glorieuses pour offrir un regard lucide sur les fractures et espoirs qui continuent de traverser nos sociétés. Inspirée du livre L’Établi du sociologue Robert Linhart, la pièce retrace les trajectoires croisées de Bakary, jeune Malien exilé pour échapper à un régime autoritaire, et de Cathy, intellectuelle maoïste décidée à s’établir en usine. Leur rencontre, dans le tumulte des usines Peugeot de Sochaux, met en lumière une mémoire collective souvent négligée : celle des solidarités naissantes entre immigrés et ouvriers français, et des combats parfois brisés par les mécaniques implacables du capitalisme.


La Peugeot 504, un symbole puissant de résistance et d’héritage


Au cœur de la pièce trône la Peugeot 504, cette voiture emblématique des Trente Glorieuses, surnommée “l’indestructible”. Véritable protagoniste silencieuse, elle incarne à la fois la robustesse d’une époque industrielle et la fragilité des luttes sociales qui l’ont marquée. À travers un décor composé de ferrailles, pneus, sièges et morceaux de tôle, le véhicule devient une métaphore des espoirs et des désillusions qui ont animé une génération. La mémoire de cette “indestructible” porte les récits des ouvriers et immigrés, mais aussi les tensions, sacrifices et solidarités qui émergent dans un contexte de travail à la chaîne écrasant.


Une scénographie immersive et organique


La mise en scène, sombre et oppressante, immerge les spectateurs dans l’univers brutal des chaînes de production. Sons métalliques, projections vidéos et accessoires suspendus évoquent à la fois la dureté de l’usine et les rêves brisés de ceux qui y ont travaillé. La Peugeot 504 devient un témoin vivant : tantôt décor, tantôt personnage ou mémoire, elle relie les luttes ouvrières françaises et les récits d’immigration. Six comédiens incarnent une multiplicité de voix et de trajectoires, donnant à cette narration polyphonique une richesse humaine et émotionnelle.


Entre ferveur et désillusion : les luttes sociales au prisme des espoirs brisés


La pièce oscille constamment entre exaltation et désenchantement. Bakary et Cathy, malgré leurs origines et parcours opposés, s’unissent pour organiser une grève et défier l’oppression industrielle. Leur quête d’une convergence des luttes – entre classes sociales, genres et origines – reflète une aspiration universelle, mais se heurte à la dure réalité des divisions internes et des oppressions systémiques. Ce mélange d’idéal et d’échec, cher à Robert Linhart, traverse tout le spectacle, offrant une réflexion brute et lucide sur l’héritage des luttes sociales.


Une œuvre âpre, ambitieuse et nécessaire


Si Indestructible souffre parfois de quelques longueurs ou d’une densité narrative qui freine son rythme, il n’en reste pas moins un spectacle percutant et nécessaire. Refusant les artifices faciles, Hakim Bah et Manon Worms proposent une œuvre exigeante, ancrée dans l’histoire mais tournée vers l’avenir. En revisitant les luttes et fractures des années 60-70, ils interrogent notre rapport au travail, à la solidarité et à la mémoire collective, tout en explorant les résonances actuelles de ces enjeux.


 

Indestructible est un théâtre de la résistance, qui ne cherche pas à plaire mais à éveiller, à faire réfléchir sur ce que nous pouvons apprendre des combats passés. Une proposition artistique audacieuse qui, à travers l’iconique Peugeot 504, rappelle que les luttes pour la justice sociale et la dignité humaine continuent de rouler, même sur des routes cabossées. Avis de Foudart 🅵🅵


 

INDESTRUCTIBLE

Un spectacle de Manon Worms et Hakim Bah

Avec Émilien Audibert, Katell Jan, Adil Laboudi, Julie Moulier, Assane Timbo et Olivier Werner Scénographie et costume Clara Hubert et Ninon Le Chevallier • Vidéo Jean Doroszczuk • Son Marion Cros • Lumière Léa Maris

Photographie de répétition © Mathilde Delahaye


Théâtre de la Cité internationale

27 JANVIER → 8 FÉVRIER • Lundi, mardi – 20 h. Jeudi, vendredi – 19 h. Samedi – 18 h • Durée 1h45 • À partir de 14 ans




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