Le rideau se lève sur une scène chaotique, où plumes, talons, maquillage et guitares électriques s’entrelacent dans une valse déjantée. Bienvenue dans DÉRAPAGE, le dernier spectacle des Sea Girls, mis en scène par Pierre Guillois à La Scala Paris. Entre Music-Hall, théâtre burlesque et satire sociale, le quatuor revisite ses vingt ans de carrière avec une énergie féroce et un franc-parler décapant.
Quand les Sea Girls se dézinguo-fabuleusement
Que reste-t-il des strass et des paillettes lorsque les projecteurs s’éteignent ? Les Sea Girls nous offrent une réponse explosive : des corps en souffrance, des talons trop hauts, des chablis-cacahuètes qui pèsent lourd, mais surtout une bonne dose de dérision. Le spectacle fait sauter le vernis, dévoilant l’envers du décor d’une vie d’artiste où tout est spectacle, même les ratés.
Sous la baguette de Pierre Guillois, maître de l’absurde et de la narration corporelle, la scène devient un véritable champ de bataille artistique. Entre glamour assumé et désastre contrôlé, les Sea Girls explorent les limites de leur propre représentation, oscillant entre caricature et confession. On rit de leurs chutes – parfois littérales – et on admire leur capacité à se relever avec panache.
Un Music-Hall hybride et libre
Le pari de DÉRAPAGE est osé : mêler chansons inédites, compositions éclectiques et scènes de coulisses dans un spectacle où tout peut basculer. Prunella Rivière signe des morceaux à la fois drôles et incisifs, orchestrés par Fred Pallem, tandis que trois musiciens multi-instrumentistes insufflent une énergie live irrésistible. La musique, omniprésente, devient le fil conducteur d’une narration éclatée, où l’intime se mêle au politique.
Mais ce qui frappe surtout, c’est la liberté totale qui imprègne la mise en scène. Les Sea Girls n’ont pas peur de se montrer telles qu’elles sont : artistes de cinquante ans, à contre-courant des normes de jeunesse et de perfection. Elles revendiquent leur droit à l’imperfection, à l’excès, à la joie. Et c’est là toute la puissance du spectacle : un hymne à la résilience et à la créativité débridée.
Quand le théâtre se frotte à la cruauté du monde
Sous ses airs de cabaret festif, DÉRAPAGE n’élude pas les questions graves. Comment continuer à faire rire dans un monde marqué par la cruauté et l’actualité glaçante ? Les Sea Girls y répondent par l’ironie et la poésie, transformant leurs chansons en miroirs déformants de notre société. Le spectacle joue sur l’ambivalence : derrière les plumes et les paillettes, une mélancolie sourde perce parfois, rappelant que le rire est souvent une arme contre la douleur.
Une traversée à la fois hilarante et bouleversante
Au final, DÉRAPAGE, c’est une plongée sans filtre dans l’univers des Sea Girls, où chaque dérapage est une invitation à repenser les codes et à embrasser l’imprévu. Si vous cherchez une expérience théâtrale qui bouscule, émeut et fait rire aux éclats, ne manquez pas ce feu d’artifice de créativité.
Avec DÉRAPAGE, les Sea Girls et Pierre Guillois nous rappellent que le théâtre, lorsqu’il ose tout montrer – le beau, le moche, le drôle et le tragique – peut encore surprendre et renverser les attentes. Une performance renversante à voir absolument, jusqu’au 23 février 2025 à La Scala Paris. Avis de Foudart 🅵🅵
Les Sea Girls
DÉRAPAGE
Un spectacle de Judith Rémy, Prunella Rivière, Delphine Simon
mise en scène Pierre Guillois
Musiciens Vincent Martin (percussions), Dani Bouillard (guitare), Benjamin Pras (piano)
Chansons et composition Prunella Rivière • Composition et orchestration Fred Pallem • Costumes Elsa Bourdin • Scénographie Pierre Guillois & Elsa Bourdin
Crédit photo ©Cat Gabillon
LA SCALA PARIS
Du 17 janvier au 23 février 2025 • Du mardi au samedi à 19h. Le dimanche à 15h • Durée 1H30
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