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ADN : une pièce sur la violence, la culpabilité et le non-retour

Dernière mise à jour : 22 nov. 2023

« Je veux dire, on rigolait juste, hein ? On était tous, vous savez... Vous connaissez Adam, vous savez comment il est, donc on était là, enfin tu sais, à se moquer, enfin. Tu sais comment il était, toujours à rester là ». EXTRAIT

Comme souvent chez Dennis Kelly, la pièce de théâtre commence par un fait divers. Un groupe d’adolescents prend un camarade de classe comme bouc émissaire. Partis un jour en forêt pour le torturer, ils finissent par "déraper" et le laissent pour mort.



Que va devenir leur vie après ce drame ?

Avec une tension inouïe, entre panique et folie, entre culpabilité, remords et terreur, un engrenage effrayant se met alors en route, duquel il leur sera difficile de s’extraire.


La pièce est dirigée par Marie Mahé, qui a choisi de couper le texte et de réduire le nombre de personnages pour conserver l’écriture brute, ciselée de Dennis Kelly, presque sans explication psychologique, car elle souhaitait se concentrer non pas sur l'effet de groupe, mais plutôt sur les rapports humains et les personnalités. « Je voulais mettre à vue cette expérience très intense d’êtres humains pour mettre en évidence la panique, la culpabilité et le non-retour ».



Comment trouver sa place dans le groupe ? Comment survivre en milieu hostile ?

Les personnages de la pièce, John, Cathy, Léa et Phil, sont obligés de rester ensemble pour survivre, mais leur incapacité à communiquer et à parler le même langage les renvoie à leur grande solitude et leur grande mélancolie. Ils se laissent déborder par une situation extrême qui révèle la violence qui se cache en chacun d'eux.


« C’est moi qui commande. Tout le monde est plus heureux comme ça. Qu’est-ce qui est le plus important : une seule personne ou bien tout le monde ? » PHIL

Le personnage de Phil (intelligemment incarné par Maxime Boutéraon) en particulier, est troublant. Assis au milieu des autres pendant l'essentiel du spectacle, il parle peu, se montre imperturbable, insensible, apathique. Mais on sent bien qu'il exerce une véritable domination sur le groupe. C'est lui qui prend les décisions et qui, pour tenter de les protéger, va transformer ce drame en un véritable cauchemar.


La pièce se déroule dans un huis clos indéterminé qui réunit la rue, le champ et le bois. Sur le plateau presque nu, sur un tapis blanc, une immense toile est tendue et un banc trône en son centre. C'est le trône moderne sur lequel celui qui prend le pouvoir s'assoit. Les subordonnés ont le devoir de le saluer et de lui déposer des offrandes, nourritures issues de la société de consommation.


Malgré quelques longueurs dans le rythme, comme dans la scène où la petite amie de Phil s'exprime seule sur scène, ADN est une pièce sombre, caustique et portée par des comédiens convaincants.


 

« Le champ des écritures contemporaines est un paysage où doit subsister la puissance de la fable dans laquelle un spectateur peut se projeter au moyen d’une langue aussi fortement poétique que politique » Marie Mahé


Avec une légère touche d'optimisme semée par Kelly, l'avenir semble peut-être offrir la possibilité d'un changement dans la pièce ADN, qui résonne avec l'actualité et nous interpelle de manière puissante.

Cette œuvre sombre, caustique et désespérante est portée par de jeunes comédiens excitants, convaincants et bouleversants de sincérité, offrant une performance remarquable qui ne manquera pas de vous toucher. Avis de Foudart 🅵🅵



 


ADN

Texte Dennis Kelly

traduction Philippe Le Moine

adaptation, mise en scène Marie Mahé

avec Maxime Boutéraon, Isabelle Andrzejewski, Marie Mahé, Tigran Mekhitarian, Achille Reggiani

Crédit ©Ema Martins

Spectacle vu au Théâtre La Tempête


THÉÂTRE PARIS VILETTE

Du 23 nov au 3 déc 2023 • Durée 1h15








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