Et si, en un instant, tout basculait ?
Une rencontre, un regard, un frisson… et soudain, une vie entière remise en question. C’est ce que raconte 24 heures de la vie d’une femme, chef-d’œuvre de Stefan Zweig, brillamment adapté au théâtre par Anne Martinet. Seule en scène, elle livre une performance envoûtante, où la passion et la culpabilité se mêlent dans une tension presque insoutenable.
Un monologue hypnotique
Dès son entrée en scène, elle capte l’attention. Silhouette élégante, voix posée, regard perçant : Anne Martinet incarne cette femme aristocrate, veuve et désœuvrée, qui croise le destin d’un jeune joueur compulsif dans un casino de Monte-Carlo. Fascinée par son trouble, elle tente de le sauver… mais qui sauve qui ? Dans cette course effrénée contre le temps, entre espoir et illusion, la passion devient une prison.
L’adaptation d’Anne Martinet prend un parti audacieux : transformer ce récit en un monologue habité, où chaque mot, chaque silence, chaque inflexion de voix devient une respiration de l’âme tourmentée de l’héroïne. Le résultat est d’une intensité remarquable, un voyage sensoriel dans la tête d’une femme dont la vie a basculé en une journée.
Une adaptation fidèle mais contemporaine
Anne Martinet a choisi de moderniser légèrement le texte sans en trahir l’esprit. Le défi d’adapter cette œuvre en un monologue est brillamment relevé. La progression du récit, son suspense, ses émotions demeurent intactes. L’adaptation conserve toute la puissance analytique de Zweig, cette façon unique de capter les méandres de l’âme humaine.
Une incarnation magistrale
Ce qui frappe, au-delà de la beauté du texte, c’est l’intensité du jeu d’Anne Martinet. Précise et délicate, elle dose avec justesse chaque regard, chaque silence. Sa voix posée épouse la musicalité des phrases de Zweig, jouant sur la « confusion des sentiments ». Son interprétation oscille entre la retenue aristocratique et l’abandon total à la passion.
Un moment de théâtre rare
Le spectacle nous questionne : et si, en un instant, notre vie pouvait basculer ? Si, par pure folie, nous laissions tout derrière nous ? Combien de femmes ont rêvé de cet instant de liberté totale, sans jamais oser franchir le pas ? 24 heures de la vie d’une femme n’est pas qu’un simple récit de passion ; c’est une réflexion profonde sur les choix qui façonnent une existence.
En offrant un moment de théâtre aussi pur qu’intense, Anne Martinet et Juan Crespillo font bien plus qu’adapter Zweig : ils le rendent vivant, vibrant, terriblement actuel. Un spectacle à ne pas manquer. Avis de Foud’art 🅵🅵🅵
24 HEURES DE LA VIE D'UNE FEMME
Adaptation et jeu Anne Martinet
Mise en scène Juan Crespillo
Création lumière Stéphanie Daniel
Crédit photos Carole Parodi
THÉÂTRE LE LUCERNAIRE
Du 19 février au 23 mars 2025 • Du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 17h30 • Durée du spectacle 1h • À partir de 15 ans
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